« Der Ursprung ohne Zweck. Rousseau – Denker des Möglichen » in Pascal Delhom – Alfred Hirsch (Hrsg.),
Rousseaus Ursprungserzählungen, Wilhelm Fink, 2012
Texte français in L’origine sans fin. Rousseau penseur du possible
Contre ses prédécesseurs et contemporains, Rousseau se présente comme celui qui réussit à penser radicalement l’homme originel. Mais pourquoi ? Est-ce simplement pour « bien juger de notre état présent » ? Et quel sens donner à ce jugement ? Ce n’est pas pour voir dans notre présent un bien, mais ce ne peut être non plus pour déporter ce bien vers une origine à laquelle il n’est ni possible ni souhaitable de retourner. Pourquoi donc penser l’origine ? Si elle doit faire fonction d’idéal pratique, encore faudrait-il que l’on puisse en son nom engager un processus de transformation.
Mais Fabricius ne ramène pas la Rome impériale vers la République. La tension induite par l’appel à l’origine, au milieu de sa dénaturation, rapproche les récits de l’origine du discours mythique : un discours qui prend en charge ce qu’on ne peut expliquer. Rousseau se distingue ici, en voulant penser, contre le progrès des Lumières, tout à la fois la possibilité de ce progrès et de son contraire, dans une plasticité du devenir humain : la perfectibilité est réversible. Le rappel de l’origine manifeste les possibilités d’un devenir auquel on ne peut assigner a priori de sens ni de valeur, ce rappel juxtapose passé et présent, sans que les « funestes hasards » de l’évolution permettent d’en expliquer véritablement le lien. L’origine réserve ainsi une place au surgissement d’un autre réel, à une transformation radicale du monde humain.
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